Sant’Andrea, 12 septembre 1944 : la tragédie de la famille Stoppele et le destin de Maria.

Dans leur auberge, La Colomba, la famille Stoppele accueillait sans distinction fascistes, partisans et même parachutistes anglais en fuite. Ce fragile équilibre prit fin dans le sang le 12 septembre 1944, lorsque des SS venus de Brescia, appuyés par une colonne fasciste de Vérone, menèrent une vaste rafle. Ce jour-là, non seulement la famille Stoppele fut frappée de plein fouet, mais aussi tout le village de Sant’Andrea di Badia Calavena.

Le contexte explosif de la Résistance

Dans les mois précédents, les attaques répétées de la Division Pasubio, sous les ordres du commandant Giuseppe Marozin, dit Vero, avaient contribué à tendre la situation. Originaire d’Arzignano, Marozin était un chef controversé, soupçonné par le Comité de libération nationale de Vicence d’insubordination et critiqué par la Résistance véronaise pour ses méthodes brutales et autoritaires. Ses actions visaient parfois davantage à régler des comptes personnels qu’à combattre pour la démocratie.

Photo Eglise de Sant'Andrea di Badia Calavena - Crédit Photo : Filippo Stoppele.

Maria, de la douleur à la lutte

Parmi les victimes indirectes de cette répression, Maria Stoppele, alors âgée d’une vingtaine d’années, vit son père et son frère assassinés. Ce drame la poussa à s’engager plus résolument dans la Résistance. Sous le nom de guerre Kira, elle rejoignit la bande de Marozin et le suivit ensuite jusqu’à Milan, lorsque la situation en Lessinia devint trop dangereuse pour elle.

Selon ses propres récits, Maria aurait fait partie du groupe partisan qui captura Mussolini à Dongo, lors de sa tentative de fuite vers la Suisse. Elle affirma avoir eu la charge de surveiller Claretta Petacci, compagne du dictateur. Elle raconta plus tard que Petacci ne devait pas être exécutée, mais qu’elle fut tuée dans la confusion, s’étant jetée au cou du Duce au moment de l’exécution. Maria ajoutait que ce fut elle qui recomposa le corps de Petacci, exposé à Milan, piazzale Loreto.

Une famille marquée par le courage et le sacrifice

Après la guerre, Maria épousa le partisan Antenore Antemi, dit Tenore, originaire de San Bortolo. L’histoire de la famille Stoppele est restée gravée dans la mémoire collective :

  • Maria reçut la médaille d’argent pour sa participation active à la lutte de libération.
  • Son frère Rino fut décoré de la médaille d’argent pour ses faits d’armes à El Alamein.
  • Le père et l’autre frère, Silvino, tombés sous la violence de la répression nazi-fasciste, furent décorés de la médaille de bronze à titre posthume.

Quatre médailles, quatre destins brisés ou marqués à jamais par la guerre.

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