Le Cri des Mots

  • Les mines de Wendel et les travailleurs italiens

    Au cœur de la Lorraine industrielle, les mines de Wendel à Petite-Rosselle (Moselle) symbolisent à la fois la puissance du charbon et la dureté de la vie ouvrière. En 1943-44, alors que l’Europe est à feu et à sang, les galeries de Wendel bruissent des voix d’ouvriers venus d’horizons divers : Français, Allemands, Polonais, et surtout Italiens, fuyant la misère ou la répression fasciste.

    Un père et son fils dans les galeries

    Parmi eux, Agostino Stoppele, un homme robuste, contraint à l’exil, et son fils Bruno, à peine âgé de 15 ans.

    Chaque matin, père et fils franchissent la barrière du carreau. Casques sur la tête, lampes prêtes à être allumées, ils s’entassent avec d’autres ouvriers dans la cage qui dégringole vers les profondeurs. Le bruit métallique, les secousses, puis soudain la chaleur et l’obscurité : Bruno serre les poings. C’est sa première vie d’homme.

    Agostino, lui, veille sur lui d’un regard discret. Il sait que la mine n’épargne personne, et encore moins les plus jeunes. Mais la guerre et la pauvreté n’offrent pas de choix : il faut travailler, tenir, ramener du pain à la maison.

    Le quotidien dans les galeries

    Au fond, les rôles sont répartis. Agostino abat le charbon, le pic frappant la veine noire dans un fracas sourd. Bruno,, ramasse, aide à dégager les gravats. Ses bras brûlent, ses poumons se serrent dans la poussière âcre, mais il s’accroche. La mine est dure, mais elle lui donne aussi une place aux côtés des hommes.

    Les journées sont interminables. La chaleur colle à la peau, la sueur se mêle au charbon qui noircit les visages. Le danger est constant : éboulements, grisou, accidents. Pourtant, dans l’ombre, une fraternité silencieuse unit les mineurs. On s’échange un signe, un morceau de pain, un mot en dialecte italien ou en français, parfois en allemand, selon qui se trouve là.

    La guerre en arrière-plan

    Dehors, la Moselle annexée vit sous la botte nazie. Les mines alimentent l’effort de guerre, et les ouvriers étrangers sont surveillés de près. Mais au fond, le temps semble suspendu. Ce qui compte, c’est de remplir la berline, de sortir vivant, et de retrouver l’air libre à la fin du poste.

    Bruno grandit plus vite qu’il ne l’aurait voulu. Chaque journée passée au côté d’Agostino est une leçon d’endurance et de dignité. Il apprend que la mine brise les corps, mais qu’elle soude les destins.

    Une mémoire ouvrière

    Aujourd’hui encore, les mines de Wendel, devenues lieu de mémoire, portent l’empreinte de ces vies modestes et héroïques. Celle d’Agostino Stoppele, immigré italien qui donna sa force à la Lorraine, et celle de Bruno, son fils adolescent, plongé trop tôt dans la nuit des galeries.

    Malgré les tensions, les mineurs italiens s’intègrent progressivement aux communautés ouvrières locales. La solidarité naît dans les galeries où chaque vie dépend de celle de l’autre.

    Héritage

    Aujourd’hui, les vestiges des mines de Wendel, transformés en musée, racontent cette épopée industrielle et humaine. Ils gardent en mémoire les pas d’Agostino et les rêves de Bruno, adolescents arrachés trop tôt à l’insouciance pour entrer dans le monde du labeur et de l’exil. Leur histoire rejoint celle de milliers d’Italiens venus chercher, sous la terre lorraine, un avenir meilleur pour leurs enfants.

  • Ca’ del Diaolo : un joyau caché entre Badia Calavena et Sant’Andrea

    Si vous voyagez dans la Lessinia, sur la route qui relie Badia Calavena à Sant’Andrea di Badia Calavena, ne manquez pas de faire une halte à Ca’ del Diaolo. Cet hôtel-restaurant typique est bien plus qu’une simple adresse : c’est un lieu où l’histoire, la gastronomie et l’hospitalité se rencontrent.

    Une histoire centenaire

    Fondée en 1921 par Luigi, l’arrière-grand-père de la famille Marana, L’osteria a traversé les générations sans jamais perdre son charme. Aujourd’hui encore, ce sont ses descendants qui tiennent la maison, offrant aux visiteurs une atmosphère chaleureuse et familiale. Maria Stoppele, la partisane, surnommée Kira, y fit plusieurs séjours jusqu’en 1944, preuve que l’endroit a toujours été une halte appréciée et pleine de vie.

    L’établissement a marqué les mémoires au point d’être cité dans le livre de Filippo Stoppele, qui retrace l’histoire locale et les parcours de ses habitants.

    La cuisine, un voyage pour les sens

    À Ca’ del Diaolo, on s’attable pour déguster des plats traditionnels véronais et vénitiens préparés avec des produits locaux d’une grande fraîcheur. Chaque recette reflète le terroir : des saveurs généreuses, des cuissons maîtrisées, et ce petit supplément d’âme qui transforme un repas en souvenir inoubliable. Que l’on vienne pour un déjeuner gourmand ou un dîner entre amis, les papilles sont à la fête.

    Séjourner dans un havre de paix

    Au-delà de la table, l’établissement propose également des chambres accueillantes. Parfaites pour un week-end ou une étape lors d’un circuit en Vénétie, elles permettent de profiter du calme des collines environnantes. Après une randonnée ou une visite des villages voisins, rien de tel que de se reposer dans une auberge où tout respire l’authenticité.

  • Kira, une vie forgée dans la tourmente de 1944 à Sant’Andrea di Badia Calavena

    Kira, de son vrai nom Maria Stoppele, est née le 8 septembre 1923. Rien, au départ, ne la prédestinait à emprunter les sentiers escarpés de la Résistance italienne. Dans ses premières années, rien ne laissait deviner qu’elle deviendrait un symbole de courage face à l’oppression.

    Et pourtant, c’est dans les ombres de la Seconde Guerre mondiale, au cœur d’un monde déchiré par la peur et la violence, que son destin s’est forgé. Sa vie s’est mêlée à celle de tant d’hommes et de femmes qui, à Sant’Andrea di Badia Calavena et dans tout le nord de l’Italie, ont pris part à une lutte décisive : celle contre le fascisme et l’occupation nazie.

    Sant’Andrea di Badia Calavena en 1944 : un village au cœur de la Résistance

    En 1944, le petit village de Sant’Andrea di Badia Calavena, niché dans les collines de la province de Vérone, vivait dans une atmosphère de tension et d’incertitude. Après la chute de Mussolini en 1943 et l’armistice signé par l’Italie avec les Alliés, la région fut occupée par les troupes allemandes.

    Les habitants, majoritairement paysans, se retrouvaient pris en étau : d’un côté les soldats allemands et les milices fascistes qui exigeaient obéissance, ravitaillement et dénonciations ; de l’autre, les partisans qui se regroupaient dans les montagnes Lessini, menant des actions de sabotage, libérant des prisonniers et protégeant les familles menacées.

    Dans ce contexte, chaque choix était dangereux : aider les résistants pouvait coûter la vie, mais les trahir signifiait se ranger du côté des oppresseurs.

    Maria Stoppele, dite Kira la partisanne de Sant'Andrea di Badia Calavena.

    Kira, l’éveil d’un courage inattendu

    Kira n’était pas née pour être une partisane. Elle n’avait pas grandi avec une vocation guerrière. Mais l’histoire, brutale et implacable, l’a poussée à se transformer. Son courage s’est forgé dans les privations quotidiennes, dans la peur des rafles, et dans la volonté de défendre la dignité humaine face à l’oppression.

    Elle devint alors, comme tant d’autres anonymes, une figure de résistance silencieuse ou active, une femme dont la vie personnelle se confondit avec la grande Histoire.

    Une mémoire à préserver

    Aujourd’hui encore, le souvenir de ces femmes et de ces hommes résonne dans les rues de Sant’Andrea. Derrière chaque pierre, chaque sentier de montagne, se cachent des histoires de résistance, de sacrifices et d’espoir.

    Kira incarne cette génération qui, malgré la peur, trouva la force de se lever. Se souvenir de son parcours, c’est rappeler que la liberté est toujours le fruit d’un combat.

  • L’exode de la famille Stoppele : Entre Pyrénées et Vérone

    Dans l’histoire de Maria Stoppele, il est important de rappeler qu’une partie de la famille connut l’exil en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Le premier refuge se trouva dans les Landes, à Tartas, sur les rives calmes de la Midouze. Puis, l’itinéraire les mena plus au sud, dans les Hautes-Pyrénées, à Maubourguet, où le quotidien prit une couleur nouvelle.

    Grand Café de l'Alcazar à Maubourguet

    Dans ce coin pyrénéen, Agostino, accompagné de sa femme et de ses enfants, trouva un moyen de vivre et de s’intégrer. À l’aide d’un triporteur, la famille parcourait les rues et les places de la petite ville, proposant aux passants de délicieuses glaces artisanales. Ce travail, simple en apparence, fut le fruit d’un courage immense : celui de reconstruire une vie loin de sa terre natale, en offrant aux autres un instant de douceur.

    La vente de glaces avec le triporteur

    L’exil n’était pourtant pas définitif. En 1954, après des années en France, Agostino choisit de retourner à Vérone, renouant ainsi avec ses racines. Mais ses enfants, eux, prirent une autre voie : la France devint leur patrie d’adoption. Tous restèrent sur le sol français, sauf Ermelinda, qui décida à son tour de rejoindre Vérone, poursuivant le chemin tracé par son père.

    Ainsi, l’histoire de la famille Stoppele oscille entre déracinement et enracinement, entre la terre d’accueil et la terre d’origine. De la Midouze aux Pyrénées, puis de retour vers Vérone, ce parcours témoigne d’une force de caractère et d’un héritage familial profondément marqué par la migration et la transmission.

  • Un merci profond et sincère

    Écrire ce livre consacré à la mémoire de la famille Stoppele a été une aventure à la fois intime et historique. Chaque page est le fruit d’une recherche, d’un souvenir confié, d’un document retrouvé, mais aussi d’un geste de solidarité et de bienveillance.
    Sans vous, ce projet n’aurait jamais pu voir le jour.

    25 aprile 1945, Verona libera...

    Je tiens donc à exprimer ma reconnaissance à toutes celles et ceux qui ont contribué à nourrir ce travail :

    • À l’ANPI Verona(Association Nationale des Partisans d’Italie), pour leurs archives et leurs documents essentiels.
    • À Giovanni Piccirilli, de la Bibliothèque Civique de Vérone, pour sa disponibilité.
    • À Elisa Stoppele, de la mairie de Badia Calavena, pour son aide précieuse.
    • À Claudine Stoppele, dont la mémoire vivante a éclairé bien des pages.
    • À Renzo Zerbato, pour ses informations et son regard éclairé.
    • À Dominique Stoppele, première lectrice et conseillère attentive.
    • Aux habitants de Sant’Andrea di Badia Calavena, qui ont pris le temps de répondre à mes questions.
    • À Maria Marianna Stoppele, pour ses interviews riches d’humanité.
    • Aux Mairies de Vérone et de Badia Calavena, pour leurs monuments et les rues qui rappellent l’histoire de la famille Stoppele.
    • Au journal L’Arena, ainsi qu’à Il Giornale, pour leurs publications.

    Et enfin, un immense merci du cœur à mes fidèles amoureuses Uva & Sheyenn… car derrière chaque histoire, il y a aussi l’amour et le soutien qui donnent la force d’aller jusqu’au bout.

    Ce livre n’est pas seulement le mien : il est aussi le vôtre. Il est la preuve que la mémoire vit lorsque nous la faisons circuler, ensemble.

    Filippo Stoppele

  • Agostino et Nella : un instant de vie sur la Piazza San Marco

    Sur une photographie en noir et blanc légèrement teintée de sépia, datée des années 1950-1960, on aperçoit Agostino Stoppele, élégamment vêtu, posant sur la célèbre Piazza San Marco à Venise. Chapeau fedora incliné, canne à la main, son allure reflète le raffinement d’une époque révolue. À ses côtés, une silhouette féminine : sa fille Nella, vêtue d’une robe légère et de gants, dont la grâce ajoute à la scène un parfum intemporel.

    Cette image, au-delà de son esthétisme, raconte une histoire de vie. Après le décès de son épouse Angelina, Agostino était retourné s’installer à Vérone, non loin de Sant’Andrea di Badia Calavena. Parmi ses enfants, seule Ermelinda avait choisi de revenir vivre en Italie : elle y ouvrit une boucherie, devenant une figure commerçante dans son quartier. Nella, quant à elle, resta en France après l’exode de la famille durant la guerre. Elle vivait à Eauze, dans le Gers, et rendait visite de temps à autre à son père en Italie. Longtemps témoin de ce pan d’histoire familiale, elle s’est éteinte à l’âge remarquable de 99 ans.

    Cette image, au-delà de son esthétisme, raconte une histoire de vie. Après le décès de son épouse Angelina, Agostino était retourné s’installer à Vérone, non loin de Sant'Andrea di Badia Calavena.

    La photographie fige aussi une atmosphère particulière : celle d’une Venise qui, déjà dans ces années-là, attirait voyageurs et touristes du monde entier. Sur la Piazza San Marco, les pigeons animent la scène tandis que l’architecture environnante – arches byzantines, colonnes sculptées, volets verts typiquement vénitiens – témoigne de l’éclat du lieu. Un détail se distingue nettement : la statue des Tétrarques, ces quatre empereurs romains figés dans la pierre, accolée à la Basilique Saint-Marc près de la porte nord. Leur présence, mystérieuse et imposante, ajoute une profondeur historique à cette photo de famille.

    Mais derrière la beauté de ce cliché se dessine aussi l’écho d’un destin collectif. Agostino était le frère de Palmino Stoppele, partisan engagé, et donc l’oncle de Silvino et Maria Stoppele. Ainsi, au croisement de l’intime et de l’Histoire, cette photographie nous offre bien plus qu’une scène de voyage : elle transmet la mémoire d’une famille, ses allers-retours entre Italie et France, ses racines et ses héritages.

  • Sant’ Andrea di Badia Calavena : le village qui honore ses héros de la Résistance

    Perché au cœur des collines verdoyantes de la province de Vérone, le petit village de Sant’Andrea di Badia Calavena est bien plus qu’un paisible havre de campagne italienne. Derrière ses ruelles et ses maisons anciennes se cache un passé héroïque, celui de la famille Stoppele, l’une des familles les plus décorées d’Italie pour son engagement dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Des rues et des arrêts de bus pour se souvenir

    En se promenant dans Vérone, impossible de manquer la Via Palmino e Silvino Stoppele, dans le quartier de Porto San Pancrazio, dédiée officiellement aux deux résistants. L’hommage est même repris par les cartes et services de navigation modernes. Et pour que le souvenir reste accessible à tous, un arrêt de bus “Via Stoppele” permet aux passants et voyageurs de traverser le quotidien tout en portant la mémoire des héros.

    Aujourd’hui, le village reste un lieu de mémoire, où les visiteurs peuvent marcher sur les traces des héros, contempler les plaques commémoratives et réfléchir au prix de la liberté.

    Plaques et monuments : la mémoire gravée dans la pierre

    À Sant’Andrea di Badia Calavena, plusieurs lieux rendent hommage à la famille Stoppele et aux partisans de la région :

    • À l’auberge “La Colomba”, une plaque commémorative liste les fusillés de septembre 1944, parmi lesquels figurent Palmino & Silvino Stoppele et d’autres résistants.
    • Le site des Tre Croci, dans la contrada Trettene, marque le lieu tragique où Palmino et Silvino, ainsi que le partigiano Umberto Zaffari, furent exécutés. Trois croix rappellent encore aujourd’hui ce sacrifice.
    • Enfin, une plaque sur la tombe de Maria “Kira” Stoppele, posée au cimetière de Sant’Andrea le 15 septembre 2019 lors d’une cérémonie de l’ANPI, célèbre le courage et l’engagement de la résistante.

    Une famille d’exception

    La famille Stoppele se distingue par ses multiples décorations :

    • Maria “Kira” Stoppele a reçu la Médaille d’argent au Valore Militare, pour son rôle actif dans la Résistance.
    • Palmino et Silvino Stoppele ont chacun été décorés d’une Médaille de bronze, honorant leur courage et leurs sacrifices.

    Selon un hommage publié par le journal local L’Arena, la famille Stoppele figure parmi « les familles les plus décorées d’Italie » pour leur engagement héroïque dans la Résistance. Un témoignage fort qui rappelle combien le courage individuel et familial peut devenir symbole pour toute une nation.

    Sant’Andrea di Badia Calavena : un village qui n’oublie pas

    Aujourd’hui, le village reste un lieu de mémoire, où les visiteurs peuvent marcher sur les traces des héros, contempler les plaques commémoratives et réfléchir au prix de la liberté. Les histoires de la famille Stoppele et de ses sacrifices ne sont pas seulement gravées dans les pierres et les plaques, elles sont racontées, transmises et célébrées, faisant de Sant’Andrea di Badia Calavena un exemple vivant de la mémoire résistante italienne.

  • Maria Stoppele, dite Kira, au cœur de la Résistance avec Pasubio

    Sant’Andrea di Badia Calavena, 1944 – Dans les collines qui bordent Vérone, la Résistance italienne prend corps autour de la Division Pasubio, formation partisane commandée par le chef connu sous le nom de Vero. Au sein de cette unité, une figure féminine émerge : Maria Stoppele, surnommée Kira.

    Engagée auprès des partigiani, Kira assure des missions de liaison et de ravitaillement. Elle parcourt les sentiers abrupts reliant les hameaux de la vallée, souvent sous les yeux de patrouilles fascistes et allemandes. Son courage lui vaut rapidement l’estime de ses compagnons d’armes.

    Drapeau résistance Pasubio
    drapeau de la division partisanne Pasubio

    Le drapeau de la Division Pasubio, brandi lors des rassemblements clandestins, devient alors un signe de ralliement et de défi face à l’occupant. Dans les mémoires locales, on raconte que Kira n’hésitait pas à porter elle-même cette bannière, malgré les risques, lors de cérémonies improvisées dans les bois autour de Sant’Andrea di Badia Calavena.

    À l’été 1944, les combats s’intensifient et la répression s’abat sur les villages de la province de Vérone. Mais la Division Pasubio, sous la direction de Vero, poursuit sa lutte. Maria Stoppele y demeure un symbole : celui d’une jeunesse qui choisit de résister, armée de détermination et d’un idéal de liberté.

    Vérone – L’ANPI Verona (Associazione Nazionale Partigiani d’Italia) poursuit, avec une énergie intacte, sa mission de transmission de la mémoire de la Résistance. À travers commémorations, recherches historiques et initiatives pédagogiques, l’association honore le combat des partigiani qui, en 1944, ont lutté contre l’occupation nazie et le fascisme dans les vallées et montagnes de la province.

  • Palmino et Silvino, deux héros tombés pour l’Italie en 1944

    Septembre 1944. Alors que l’Italie est encore meurtrie par l’occupation allemande et les derniers soubresauts du fascisme, deux jeunes hommes, Palmino et Silvino Stoppele, paient de leur vie leur engagement pour la liberté. Abattus par les troupes nazies, ils laissent derrière eux non seulement leurs familles mais aussi une mémoire vive, que leur village et leur région s’efforcent encore aujourd’hui de préserver.


    Deux destins liés à la Résistance

    Palmino et Silvino Stoppele n’étaient pas des soldats de carrière, mais des hommes ordinaires animés d’une volonté extraordinaire : refuser l’asservissement et défendre leur patrie. Leur courage les amène à rejoindre les partisans, ces combattants de l’ombre qui sabotaient, renseignaient, protégeaient la population civile.
    Leur implication leur valut rapidement d’être repérés par les forces d’occupation. En septembre 1944, leur route s’arrête brutalement : ils sont capturés puis exécutés, exemples terribles de la répression qui s’abattait sur ceux qui osaient dire « non ».

    Une mémoire gravée dans la pierre

    Badia Calavena

    Un héritage pour les générations futures

    Aujourd’hui encore, leurs noms résonnent. Des plaques commémoratives rappellent leur sacrifice, fixées sur les murs où ils vécurent ou là où ils tombèrent. Des rues portent leurs noms et prénoms, obligeant chaque passant à lever les yeux et à se souvenir. Dans certaines communes, des cérémonies annuelles rassemblent habitants, anciens combattants et scolaires autour de monuments élevés en leur mémoire.
    Ces hommages sont autant de rappels : la liberté n’a pas été donnée, elle a été conquise au prix du sang.

    Se souvenir de Palmino et Silvino, c’est se souvenir que derrière chaque nom gravé sur une plaque se cache une histoire, une famille, une jeunesse brisée mais digne. Leur dévouement, loin de n’être qu’un fait du passé, interroge notre présent : que sommes-nous prêts à défendre aujourd’hui ?
    Dans un monde où la mémoire s’efface parfois trop vite, redonner vie à ces parcours, les raconter, les transmettre, est une forme de résistance à l’oubli.

  • La Fiera dei Bogoni durant la Seconde Guerre mondiale

    La petite localité de Sant’Andrea di Badia Calavena cultive depuis près d’un millénaire une tradition aussi singulière qu’attachante : la Fiera dei Bogoni, littéralement « la foire des escargots ».

    Des origines médiévales

    Dès le XIᵉ siècle, le 30 novembre, jour de la fête patronale de Sant’ Andrea, le village accueillait un grand marché de bétail. On y échangeait non seulement des animaux de ferme – volailles, lapins ou bovins – mais aussi des vêtements, des céréales et des denrées alimentaires. Au fil du temps, un produit inattendu s’est imposé dans les étals : les bogoni, nom donné en dialecte véronais aux escargots, très prisés pour leur chair.

    Si le marché du bétail fut par la suite déplacé à Badia Calavena, la foire des escargots, elle, demeura à Sant’Andrea. Ce choix a façonné l’identité du village, transformant l’événement en véritable fête populaire où gastronomie, culture et convivialité se rencontrent.

    Une manifestation devenue emblématique

    Aujourd’hui encore, la Fiera dei Bogoni constitue l’un des rendez-vous les plus attendus de la région. Bien au-delà d’un simple marché, elle est devenue la vitrine du terroir local, attirant visiteurs, gourmands et curieux. On y déguste les fameuses préparations à base d’escargots, mais aussi d’autres spécialités de la Lessinia. Les stands de produits artisanaux et agricoles rappellent l’ancien rôle commercial de la foire, tout en lui donnant une dimension festive et touristique.

    Un patrimoine qui se lit sur les murs

    À la Libération, la Fiera dei Bogoni a repris son souffle. Elle est redevenue progressivement la grande fête de village que l’on connaît aujourd’hui, bénéficiant d’un nouvel élan identitaire et patrimonial.

    Sant’Andrea ne se résume pas à sa foire : le village conserve un riche patrimoine artistique. Plusieurs maisons arborent encore de magnifiques pintures murales et cadrans solaires, dont certains datent des XVIᵉ au XVIIIᵉ siècles. Ces fresques colorées, souvent naïves et poétiques, racontent à leur manière le passage du temps et l’histoire locale.

    Le bogone, symbole identitaire

    À l’entrée du village, un monument insolite attire le regard : une sculpture monumentale d’escargot, hommage à l’animal devenu emblème de Sant’Andrea. Bien plus qu’un clin d’œil humoristique, il incarne la mémoire collective et l’attachement des habitants à une tradition unique en Italie.


    Entre patrimoine, gastronomie et convivialité, Sant’Andrea a su transformer une coutume médiévale en fête identitaire et fédératrice. Chaque année, la Fiera dei Bogoni fait revivre l’âme du village, rappelant que les traditions les plus singulières sont souvent les plus vivantes.

    Comme beaucoup de fêtes populaires italiennes, la Fiera dei Bogoni a été profondément affectée par les années 1940. L’Italie était plongée dans le conflit, et la vie quotidienne des habitants de la Lessinia – dont Sant’Andrea di Badia Calavena – était marquée par la pauvreté, les restrictions alimentaires et le climat de peur instauré par le régime fasciste puis par l’occupation allemande.

    À la Libération, la Fiera dei Bogoni a repris son souffle. Elle est redevenue progressivement la grande fête de village que l’on connaît aujourd’hui, bénéficiant d’un nouvel élan identitaire et patrimonial. Le fait qu’elle ait survécu, même sous une forme réduite, pendant la guerre, a contribué à renforcer sa valeur symbolique pour les habitants.